Pheeroan akLaff
Ethno Jazz
Biographie
Depuis 1975, le monde n’a plus de secret pour Pheeroan akLaff. Accompagnateur ou leader d’un grand nombre de groupes, ce musicien réputé pour sa capacité à transformer sa batterie à la force d’un orchestre, a de plus conduit de nombreux ateliers pédagogiques, dans plusieurs pays en Afrique et en Asie.
Pheeroan akLaff a forgé son style dynamique et intense pendant son enfance en écoutant son frère, un pianiste classique, et les disques préférés de son père (le duo Clifford Brown / Max Gardon; Thelonius Monk ou le Modern Jazz Quartet). La découverte de John Coltrane au lycée grâce à son professeur C.A. Littlejohn et à une série de répétitions conduites par le directeur musical Travis Biggs le pousse à quitter sa ville natale (Detroit) pour une nouvelle scène musicale.
Trouvant refuge dans le Connecticut dans les années 70, il crée un groupe avec son camarade Dwight Andrews, incluant notamment le fameux Nat Adderley Jr., Jay Hoggard, Chris Andromidas et Jarawa Brian Gray. C’est le début d’une période faste, qui le voit remplacer Ed Blackwell dans le quatuor de Bill Barron, travailler avec Wadada Leo Smith, Oliver Lake, Anthony Davis, David Murray, Ntozake Shange et d’autres fameux musiciens, à New York et à travers le monde.
Durant ces années de formation, il passe une partie de son temps à New York. Il y rencontrera Rashied Ali et Billy Hart, entre autres rencontres qui l’influenceront et l’encourageront à cultiver son propre style. En 1978, Pheeroan akLaff joue son va-tout en déménageant pour la Grande Pomme. Dès lors, il devient une figure majeure de la «New Music» et du « Loft Jazz Avant Garde » qui va s’étendre jusqu’à Greenwich Village dans le quartier de Soho.
Changement de style et de direction: dès 1981, le batteur accepte l’invitation de la danseuse Marie Rose Guiraud et va travailler avec la compagnie en Côte-d’Ivoire. Cette nouvelle expérience, dit-il, lui donnera une nouvelle voix, une nouvelle vitalité à sa performance et sa vision artistique.
Sa production discographique en témoignera au cours des années 80: avec tout d’abord « House of Spirit Mirth » (Passin’Thru 1981), puis le solo (avec accompagnement vocal) « Fits Like a Glove (Gramavision Records 1983), la synthèse Funky-Africain « Sonogram »(Mu Works 1989), ce dernier album enregistré avec le magnifique quintette de jazz composé de John Stubblefield et Carlos Ward (deux élèves de Miles Davis), Kenny Davis et du regretté Sonny Sharrock.
Musicien convoité (Henry Threadgill, James Newton, Tom Pierson Cecil Taylor, Sonny Sharrock et Yosuke Yamashita sollicitent son accompagnement), Pheeroan akLaff sera aussi au centre de plusieurs échanges culturels et éducatifs organisés par le Département américain, menant des tournées en Afrique, en Extrême Orient mais aussi en Inde avec Oliver Lake et Jay Hoggard (1982 et 1985).
La dernière décennie fut riche en grands moments, en collaborations avec Liu Sola, Anthony Braxton, Reggie Workman, Sam Rivers et le vénérable Andrew Hill. Outre de nombreuses tournées mondiales et la production d’un grand nombre d’enregistrements, Pheeroan akLaff a réalisé un travail progressif théâtral avec Frederick Douglass Chronicles, et son journal de voyage, « a view from the Throne ». Autant de rencontres interdisciplinaires qui nourrissent la volonté de cet enseignant à l’Université de Wesleyan de libérer la musique, de développer l’interactivité des arts.
Son dernier album paru, « Global Mantras » (compositions akLaff), réunit Michael Cain (piano), Oliver Lake (sax), Scott Robinson (sax), Josh Roseman (trombone), Jerome Harris (bass) et Ed Cherry (guitare).